RESTAURATION DE « LA MUSTANG »Deuxième épisode Par Laurent G.
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2ème PARTIE : JOURNAL DE BORD RECONSTRUCTION COMPLETE DU MOTEUR.- Décembre 2008 à Mars 2009. |
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RECONDITIONNEMENT DU 289 2V de la Mustang.
Début Semaine 47 de 2008 : La Mustang est rentrée face en avant dans le garage, contrairement à l’habitude (ressortira t elle ?). le capot est enlevé et entreposé à l’abri. Courant semaine 47 : Jeudi 20/11/2008 : le matériel et l’outillage sont apportés depuis chez Jérôme jusque dans le garage. Cela va de la chèvre, au cric en passant par tout l’outillage non métrique et les outils spéciaux pour refaire le moteur. Le garage est plein comme un œuf. Vendredi 21/11/2008 : 21h début de la préparation d’extraction du moteur. Ici débute l’aide très précieuse de Jérôme, ainsi que son expérience mécanique. Tout ayant était préparé dans la semaine, il n’y a plus grand chose à faire. Reste à désaccoupler la boite du moteur et dévisser les 2 écrous des motor mount. A 22h30 la grue est présentée. Les chaines boulonnées au bloc. Tous les éléments à risque écartés. On commence à lever le bloc doucement. Il bloque sur un boulon de démarreur oublié. Redescente, virer le boulon et retenter. 23h30 : il est écarté de la voiture et pend au bout de la grue.
00h15 : il est fixé sur le support de travail, la grue est écartée. 1h15, le bloc est déculassé, le 1er piston est enlevé.
Constat, bloc dans son jus, mais pas abimé à 1ère vue. Beaucoup d’amas d’huile sur l’avant du bloc, autour de la pompe à huile. Les amas obstruent beaucoup de passages. Sans doute la cause de la surpression d’huile constante. Semaine du 22 au 29/11/2008Le démontage des pièces continue avec le vilebrequin, puis l’AAC ; le démontage des soupapes et des pistons. Avec le démontage des pièces, la grosse partie du boulot c’est le nettoyage et le dégraissage. Des kilos d’huile confite, noire et puante. Ras le bol ! Ponçage du block manifold et peinture alu haute température. Les pièces ont été commandées chez Summit le 25/11/2008, date prévue de réception semaine 49 ou 50. Semaine 49 : Le bloc et les culasses sont dégraissés et nettoyées de fond en comble. Les plans de joints sont nettoyés. Le bloc est peint en bleu Ford le mardi soir. Les culasses sont peintes dans les jours suivants. Vendredi 5 décembre : 21 h début des opérations d’extraction de la boite C4. Le but étant de sortir l’originale, de transférer les connexions et le convertisseur sur la C4 entièrement refaite mi-novembre chez Jérôme. On replacera la boite refaite plus tard à la place de celle d’origine. Samedi 6 décembre : le bloc et les culasses, sont sortis pour être passés au jet et dégraissés une dernière fois. Ça pisse de rouille et de gras. Mardi 9 décembre : le démontage des connexions de tube de refroidissement de boite, qui semblaient pourtant simple, se transforme en cauchemar. Au desserrage, la clé ripe sur l’écrou abimé et très arrondi, le tube vrille et devient inutilisable. Mercredi 10 décembre jeudi 11 décembre : je pars récupérer les colis de pièces enfin arrivés à la zone de fret de l’aéroport. Vendredi 12 décembre : Séance nocturne avec Jérôme. Au programme déglaçage des cylindres à la perceuse sur le coup de 23h30 (merci mes chers voisins pour votre patience et votre surdité précoce). Puis extraction des anciens pallier d’AAC. Méthode simple, on enfile l’ancien AAC à l’envers et on tape comme un sourd pour chasser les paliers un par un. L’air con et réjouit du mec qui se frotte les mains… Samedi 13 et dimanche 14 décembre : En fin de journée, pour changer un peu, je commence le démontage du silencieux AR d’origine. Il sera remplacé par un thrustmaster glasspack de 27 pouces avec plein de vide dedans. Il me tarde de l’entendre, ça devrait faire passer la surdité des voisins. Lundi 15 décembre : juste 1h30 de bricolage après le boulot. Le temps de virer l’ancien silencieux commencé hier et remonter le nouveau à la place. Il y aura un peu d’assemblage à faire car il monte trop haut et frotte sur les lames de suspension à droite. Relâche pendant les fêtes. Juste des bricoles de peintures des éléments et du compartiment moteur, pour lui redonner un air de jeunesse ; mais faute de temps et de place, je le fais à la va vite et à la bombe ; ce sera toujours mieux que ce que c’était. Samedi 3 janvier 2009 : bonne année, mauvaise journée ! On analyse et on pense avoir trouvé la cause du problème en la présence d’une petite saleté peut être coincée entre le pallier et son logement, suffisamment épaisse pour bloquer l’ A à C et déformer le pallier au montage et par le fait que nous avons monté ce pallier par l’arrière du moteur et non par l’avant comme pour les autres. En regardant par hasard les culasses et alors que j’ai passé des heures dessus à roder les soupapes, on se rend compte que le goujon de la soupape exhaust N°2 est déformé de 4mm vers l’arrière par rapport aux autres. C’est flagrant quand on regarde l’alignement. 15h… et si on remontait la boite à sa place dans la voiture ? Les ingénieurs Ford ont pensé à tout, il y a des détrompeurs dans tous les sens, si ça ne rentre pas ou mal, c’est que ça ne doit pas rentrer ou rentrer d’une autre manière. Si ça force ce n’est jamais normal. Pause remontage pour cause de tempête le 24 janvier et de naissance de bébé Gabriel le 3 février,
Reprise des hostilités mi février 2009 A partir de maintenant, il n’y a plus de grosses difficultés et le remontage du moteur prendra une journée complète entre le montage des paliers d’ A à C et le dernier boulon serré, pour obtenir un block prêt à poser suspendu à la grue. Les paliers d’arbre à came ont été reçus et remontés cette fois sans problème. Il faut dire que nous avions eu le temps de potasser la question et d’adapter un outil pour éviter le massacre. Prudents nous avions aussi acheté 2 boites de paliers au cas ou… Un remontage de piston qui baigne dans l’huile. Auparavant les bielles avaient été refixées sur l’axe à la presse puis les segments avaient été montés, en vérifiant scrupuleusement leur angle de fuite les uns par rapport aux autres. Et voilà les cylindres 4 à 8 tous frais posés. Avec l’outil adéquat c’est un jeu d’enfant. 5mn par piston en prenant le temps de bavarder. Leur jeu à la coupe a été vérifié et conforme encore une fois à la valeur nominale. On saute quelques étapes avec le montage de la chaine de distribution, double roller, ce n’est pas plus cher et ça tiendra bien 40 ans. Le joli disque blanc sert à régler le TDC (top dead center)en anglais, en français PMH (point mort haut) de fin de compression. Il permet aussi de s’assurer que tous les éléments mobiles (piston, distribution, A à C, damper) sont synchros. L’avantage d’un support moteur mobile à 360° c’est de travailler sans effort. Ici le moteur a pivoté de 180° sur son axe et c’est la pompe à huile et ce qui sera le bas moteur qui se retrouve en haut, prêt à recevoir le oil pan (carter d’huile). Et hop ! 180° dans l’autre sens pour le montage des culasses On revérifie tout une dernière fois, on huile copieusement et on s’apprête à poser le manifold, collecteur d’admission (photo oubliée), qui recevra lui même un spacer, cette entretoise en alu sur laquelle sera fixé le carbu Autolite 2100 double corps Et Voilà le travail ! Un beau block 289 entièrement refait à neuf. La grue est indispensable et un bon sanglage de l’ensemble fortement conseillé. Ensuite il faut jouer centimètre par centimètre, un vrai jeu de patience, sans s’énerver, ça rentre tout seul. Ou presque ! Le problème des supports moteurs neufs, c’est que les joints caoutchouc sont durs et pas encore écrasés. Il faut donc les aider un peu, en l’occurrence on demande au pote médecin psychiatre et amateur d’anglaises (Yves M. des Fous) de bien vouloir sautiller sur le bloc. A l’issue de cette journée de remontage, le moteur est prêt à être démarré. La solution : envoyer du DLH, un lubrifiant haute performance industriel (merci les gars du labo), injecté dans chaque cylindre. Puis on tourne à la clé à douille sur la poulie du volant moteur, on ré-injecte du DLH, on re-tourne, on laisse agir et on recommence pendant 2 ou 3 soirées. Nous sommes mi mars. Le distributeur d’origine, à vis platiné, est HS. Il ne donne pas assez. Même en changeant le kit condensateur / Vis platiné, en montant une autre bobine, ça ne fonctionne pas correctement. Sauf que l’allumage électronique ne m’appartient pas. On fait donc un échange. Le Pertronix II actuellement sur la Mustang de Jérôme passe sur la mienne. Tandis que le tout nouveau Petronix Flame Thower tout intégré, passe sur la sienne. Bon alors maintenant faut encore la sortir du garage et l’essayer. La boite auto C4, refaite avec un kit TCI, refuse obstinément de passer les rapports. A ce stade deux solutions. Objectif : Tout caler sur un samedi. Il ne faudra pas mollir mais c’est largement jouable et réaliste. Vendredi 27 mars en soirée et samedi 28 mars. Nous allons découvrir la formule que nous appellerons « forfait 2H de chez Ford Mustang J », à savoir :
Ici le bloc est déconnecté de tous les périphériques : durites, collecteurs, carbu, radiateur, etc… et il est vidangé de son liquide de refroidissement et de l’huile de boite. L’huile moteur reste dans le bloc. Le moteur est désolidarisé de la boite, tenue par 6 boulons. Ça donne un moteur prêt à sortir, les chaines de grue sont fixées sur la culasse par boulonnage. On pompe le vérin de la grue, le bloc se lève, il suffi de le dégager. Et de le fixer sur le support moteur rotatif qui l’a accueilli pendant toute la restauration. La boite C4 suit le même chemin. Par sécurité elle est sanglée pour éviter de nous tomber sur les pieds. L’autre boite est immédiatement remise en place sans perdre de temps. A 16h Samedi 28 mars, la Mustang démarre au 1er tour de clé. Le ralenti est stable à 850/900 tours. En conclusion, ce fut une belle aventure, riche d’enseignements mécaniques certes mais aussi, voire surtout, humains. L’impatience ne paie pas, l’affolement non plus. Chaque fois qu’un problème s’est montré, il a été contourné ou résolu simplement avec la documentation, un peu de jugeote et de calme. Il y aura sans doute encore un peu de travail sur la voiture, notamment monter le système d’assistance au freinage qui attend dans un carton.
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